Les enfants de Bekopaka (octobre 2022)

traversée du  fleuve Tsiribihina par bac

« Pour parvenir à Bekopaka, c’est compliqué ! » nous dit Vincent, le jeune volontaire de l’association Esperanza, de retour de mission à Madagascar. Il y est allé en juillet dernier pour une première visite de ce nouveau site où  s’ouvre une cantine.

« Sans véhicule personnel, il faut bien compter 3 jours pour faire le trajet depuis Antsirabe. On doit passer par Morondava (sur la côte Ouest), puis parcourir 200km de piste en terre, quasi impraticable à la saison des pluies, de décembre à mai. Le reste de l’année, des  taxi-brousses circulent de Morondava à Belo où l’on doit franchir le fleuve Tsiribihina par bac. Il faut ensuite trouver un 4×4 ou un camion pour parvenir jusqu’à Bekopaka moyennant un nouveau passage de rivière ! Souvent les 4X4 sont escortés par des militaires car la route est dangereuse du fait du risque d’attaques.

En juillet et en août, les 4X4 de touristes sont nombreux, jusqu’à 20 à 30 par jour, car Bekopaka est situé à l’entrée Sud du Parc National de Bemaraha, célèbre pour ses Tsingys. Ce qui saute aux yeux quand on arrive, c’est l’abîme qu’il y a entre le luxe des hôtels et la pauvreté extrême des habitants qui ne bénéficient pas du tout du tourisme ! »

Moins de 50% des enfants sont scolarisés. Sœur Angèle, la responsable de l’école, dit que la plupart d’entre eux sont dénutris. Certains grattent la terre pour trouver des racines qu’ils mangent !

Elle a eu récemment le cas d’une mère de 3 enfants scolarisés qui est venue la prévenir que ses enfants allaient manquer l’école 2 mois, car elle n’avait plus de quoi les nourrir et elle partait pour trouver à manger d’ici la prochaine récolte. Angèle a dû lui donner de la nourriture pour qu’elle puisse nourrir ses enfants et les laisser à l’école. Beaucoup de parents ne comprennent pas l’intérêt de mettre leurs enfants à l’école, mais les enfants, eux, sont contents d’y venir !

petit élevage de cochons

Certains parents font un élevage de cochons, ou cultivent des légumes, pour les vendre à des entreprises qui les leur achètent bon marché, et celles-ci les revendent cher dans les grandes villes.

Les attaques se multiplient, récemment il y a eu des personnes assassinées, si bien que les gens n’osent plus aller cultiver leurs terres qui sont un peu loin du village ce qui réduit leur récolte. Le prix des denrées alimentaires augmente avec l’inflation et les plus pauvres n’ont pas les moyens d’en acheter…

Quand elle a prévenu les parents qu’il y aurait bientôt une cantine pour tous les élèves, ils ont accueilli la nouvelle avec JOIE !! Mais le 17 octobre, celle-ci n’avait pas encore démarré car il manquait de nombreux ustensiles beaucoup trop chers à acheter près de Bekopaka. Angèle était en route pour les acheter à la ville, en attente d’un camion qui pourrait la prendre « on peut attendre plusieurs jours » ! Les chemins étaient déjà bien boueux et glissants…

Dix jours plus tard, elle téléphone sur le chemin du retour. Elle a pu acheter tout ce qui lui manquait, qui est en cours d’acheminement par camion jusqu’à Bekopaka.

Et le 1er novembre, elle nous envoie des photos de ses achats qui viennent d’arriver : des marmites, des seaux et toute la vaisselle nécessaire (assiettes, bols, cuillères…) , mais aussi du bois de chauffe, plus de 1600 kg de riz (soit 2148 kapoakas, boîtes de 750g utilisée pour mesurer les céréales), des conserves et autres vivres, qu’elle a achetés bien moins cher qu’à Bekopaka.

La semaine suivante, elle pourra ouvrir la cantine, car elle a déjà les personnes pour faire la cuisine. Les enfants boiront l’eau du puits comme tous les habitants, mais elles, les religieuses n’en boivent pas par peur d’être malades. A leur arrivée en 2019, elles ont fait creuser deux puits, un pour elles et un pour l’école. Toute l’eau nécessaire pour la cantine devra être tirée du puits, seau par seau.

L’école fonctionne avec 175 élèves inscrits à ce jour. Ils viennent 4 journées par semaine, lundi, mardi, jeudi et vendredi, le matin et l’après-midi, avec une grande coupure pour le repas, de 11h30 à 14h30, car il fait très chaud. Le mercredi ils ont école seulement le matin puis repartent chez eux.

Il y aura donc cantine pour les élèves et leurs professeurs 4 jours par semaine. Dans un premier temps, les repas seront servis aux enfants dans les salles de classe, en attendant que soit aménagé un bâtiment spécifique.

Sœur Angèle nous remercie de notre aide et nous donne rendez-vous pour d’autres photos et nouvelles, quand la cantine fonctionnera. Merci à elle pour l’énergie qu’elle déploie pour nourrir les enfants dans des conditions si difficiles !

 

 

 

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