La parole aux enfants ! (décembre 2020)

Joelito et sa mère Leylis

« Je voudrais que ma cantine rouvre, car on y mange bien, Eugenia nous fait de l’aji de poulet, le matin on a du lait avec de l’avoine... » déclare Dairon. Joelito aussi veut que sa cantine les accueille de nouveau, pour pouvoir manger la bonne cuisine de Maria et revoir ses amis Aldair et Tatiana.

S’il y a un sujet qui fait l’unanimité des enfants que Rosario a consultés par téléphone, c’est l’espoir de voir rouvrir leur centre (qu’ils appellent leur cantine). Ainsi José Pirlo, 7 ans, qui vit seul avec sa grand-mère Julia, s’ennuie souvent quand elle part travailler :  « Je veux revenir à ma cantine pour manger ce que j’aime, les pâtes et la soupe de fèves, pour jouer avec mes amis Daniel et Lucas, et faire mes devoirs avec eux au soutien scolaire. »

Dans les familles de nos enfants, souvent monoparentales, les parents peinent à trouver du travail en ces temps difficiles, aussi la distribution régulière de sacs de vivres par nos centres est une fête pour tous, comme dans la famille de Jhonder, qui vit très pauvrement dans une seule pièce, avec 3 enfants.  Lui a 11 ans, son frère Franco a 8 ans, et tous deux rêvent de retrouver leur cantine, « on y mange des aliments qu’on n’a pas à la maison, comme des spaghettis, des lentilles au ragout de poulet, des fruits, du pain avec du beurre… »

Depuis 9 mois que les écoles et nos centres sont fermés, les enfants restent chez eux, alors Rosario leur demande comment ils vivent ce confinement.

En août,Joelito est venu chercher son sac de vivres car sa mère était malade

Dairon, venu avec sa mère pour la distribution de vivres

Ce qui ressort, c’est leur peur de la contagion, qu’on constate aussi chez tous les adultes. Ils disent « on reste à la maison pour ne pas attraper le virus ! » Dans le quartier de Dairon, il y a eu plusieurs morts du covid19, comme le confirme sa mère. José Pirlo raconte : « nos proches voisins sont malades du covid19, ils sont tous à l’isolement, alors moi, j’ai très peur d’être contaminé ». Leilis, la mère de Joelito a attrapé le virus pendant la quarantaine, elle allait très mal mais n’a pas voulu aller au centre de santé, rempli de malades du covid. Elle s’est soignée avec des plantes, restant chez elle et faisant attention à ne pas contaminer ses enfants dont elle a seule la charge, et à présent elle va bien.

Quand ils doivent sortir, ces enfants appliquent les mesures sanitaires. On le constate quand ils viennent avec leur parent aux distributions. Ils ont leur masque, Joelito, 9 ans, a même un protecteur facial en plus du masque (cliquez sur la photo pour mieux le voir) ! Tous disent qu’ils se lavent les mains avec du savon et utilisent de l’eau de Javel pour désinfecter leurs chaussures et les sacs, en rentrant chez eux.
En plus des aliments, nos centres leur distribuent régulièrement du savon, de l’eau de javel et du papier hygiénique.

Une photo pour les amis français : Lors de la distribution du 24 novembre, Rosario a demandé aux enfants de venir avec leur parent, pour se faire photographier par Cielo (à Alto Trujillo) et par Eugenia (à El Porvenir).
Ils ont  ôté leur masque juste le temps d’une PHOTO POUR NOUS !

Les cours virtuels qui remplacent l’école depuis avril, occupent une grande partie de leur temps*. Certains ont beaucoup de mal à suivre les cours et faire les exercices demandés, surtout quand ils doivent partager le seul mobile de la famille, indispensable pour recevoir les cours. Tous souhaitent que leur école rouvre l’an prochain, ainsi que les mères qui essaient d’aider leurs enfants !

José Pirlo et sa grand-mère

José Pirlo, 7 ans, en 1ère année de primaire (CP), écoute ses cours sur le mobile de son oncle, qui l’aide dans ses devoirs et les envoie par photo à la professeure, via Whatsapp. Celle-ci les corrige et le félicite quand ils sont bons. Après ses cours, il joue tout seul à la toupie ou aux billes, en attendant le retour de sa grand-mère, qui vend des glaces et de la gelée dans la rue.

derrière Alexander, Alondra à gauche et Brigith à droite

Alondra, 11 ans, en 4ème année de primaire, avec un retard important du fait de sa difficulté à se concentrer, écoute ses cours et fait ses devoirs. Elle aimerait continuer ses études et devenir plus tard professeure de maternelle.

Sa sœur Brigith, 9 ans, en 3ème année de primaire, ne comprend pas bien les explications, sa mère l’aide mais elle préfère jouer avec son petit frère et regarder la télévision. Dans cette famille, ils sont 6, 2 parents et 4 enfants, dans une seule pièce qui sert pour tout, et il est difficile de travailler dans ces conditions.

Dairon, 10 ans, en 4ème année de primaire, comprend mal les cours virtuels et a besoin de beaucoup de soutien. Il suit ses cours sur le même mobile que sa soeur Nayeli, 14 ans, qui est en 5ème année de primaire, alors c’est difficile, souvent ils ratent leurs cours. Dairon a décidé : « si mon école ne rouvre pas l’an prochain, je ne veux plus étudier« . Plus tard pourtant, il veut être policier, « pour attraper les voleurs qui cambriolent ma maison« . Il aime aider sa mère à nettoyer et à ranger, mais ce qui lui manque, c’est de pouvoir sortir dans la rue pour jouer au ballon avec ses copains.

Franco et Jhonder, avec leur mère Elvia

Jhonder, 11 ans, en 5ème année de primaire, est très sérieux avec ses cours, il travaille bien. Plus tard, il voudrait être architecte.
Il aide son frère Franco, 8 ans, en première année de primaire, qui a des difficultés pour lire et écrire.
La maman dit que chaque journée de cours virtuels coûte 3 soles en recharge de mobile. Avant la pandémie, tous deux allaient vendre des petits pains dans la rue après l’école, pour gagner un peu d’argent pour le foyer.
Franco aide au nettoyage de la maison, les deux font leur lit tous les jours et s’occupent de leur petit frère. Ils voudraient pouvoir jouer avec leurs amis, mais beaucoup sont partis dans la sierra.

Les enfants parlent de Noël et des cadeaux qu’ils auront peut-être, mais ce n’est pas sûr, les familles sont tellement appauvries par la crise.

55 bougies et étoiles de Noël pour orner les tables de nos 55 familles le soir de Noël

Alors, le samedi 19 décembre, à quelques jours de Noël, pour la 10ème distribution depuis le début de l’état d’urgence, nos centres donneront à chaque famille, en plus du sac de vivres habituel, un sac de Noël comportant un paneton, du lait et du chocolat pour la traditionnelle « chocolatada », des petites douceurs et des bonbons pour les enfants, et une belle bougie de Noël ou une étoile, pour orner la table de réveillon. Nous leur souhaitons un JOYEUX NOËL !!

Avant de raccrocher, Rosario a demandé à chacun des enfants « Que voudrais-tu dire aux amis de l’association Quebracho ? Elle a noté les réponses :

« Je vous envoie beaucoup de salutations, je vous remercie et je vous dis de bien vous protéger et de toujours aider les enfants.  » Joelito

« Je veux revenir à ma cantine pour manger et jouer avec mes amis. Je vous remercie pour la nourriture que vous nous donnez » José Pirlo

« Merci pour votre bonté et votre solidarité avec les enfants, continuez à nous aider ! » Alondra et Brigith

« Mes amis de France, je vous remercie beaucoup pour la nourriture que vous nous donnez. Merci pour la fête de Noël. Continuez à aider tous les enfants pauvres du Pérou » Santos

« Merci pour le soutien scolaire qui est une grande aide pour moi et mes camarades » Dairon

« Nous sommes très reconnaissants pour les sacs de vivres. Prenez soin de vous, et merci pour votre aide avec les aliments. Joyeux Noël !! » Jhonder et Franco

 

 

 

 

 

 

Josué et José (en turquoise), Sébastian et Daniel

Samuel et Jasmin, enfants d’Idelsa, Marc Antony et Luis Fernando, fils de Rocio

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