Deux cyclones sur Madagascar (début 2023)

habitat précaire endommagé par le cyclone Cheneso

En janvier, le cyclone Cheneso, a longé la côte Est de Madagascar par le Canal du Mozambique, du Nord au Sud. Le 22 janvier, alors qu’il s’approche de la région de Bekopaka, soeur Angèle nous écrit :

« Il pleut beaucoup actuellement. Un cyclone arrive du Nord et partout où il passe il y a beaucoup de pluie et des inondations, certains habitants ont tout perdu, mais ici, pour le moment, la rivière Manembolo, qui traverse le village, n’a pas débordé. Les écoles seront fermées demain lundi et sans doute jusqu’à la fin du passage du cyclone. Ne vous inquiétez pas pour les enfants, ils vont rester chez eux.  »

Au soir du 23 janvier, elle fait un premier bilan : « Les rafales de vent ont fait des dégâts dans notre cour, les palissades en bois sont endommagées, un arbre a été abattu, et la forte pluie est rentrée dans notre maison, mais sans gravité. Par contre, le long du fleuve Manembolo, il y a eu des inondations, des habitations détruites, des cultures (de riz, de manioc et autres) emportées par le courant. C’est une désolation car ce sont des pertes importantes pour les gens, mais heureusement il n’y a pas de victime pour le moment. »

les champs inondés, les cultures détruites

Après le passage de ce cyclone sur Madagascar, on comptait déjà 22 morts, 21 disparus, 38 000 déplacés et plus de 83 000 sinistrés (Le Monde Afrique du 29 janvier). Des routes reliant la capitale étaient coupées, des centaines d’écoles détruites, et les secours tardaient à atteindre ceux qui avaient tout perdu.

A Bekopaka, les écoles ont été fermées toute la semaine du 23 au 27 janvier, et le lundi suivant, la pluie avait cessé, il faisait beau et les enfants sont revenus à l’école. Leur famille n’avait pas trop été touchée. La cantine a été assurée, mais sur le marché, il n’y avait pas de légumes, Angèle a juste trouvé des courges (ou potirons). C’est ce que les enfants ont mangé, avec du riz.

Deux semaines après, Angèle nous envoyait des photos des zones encore inondées et nous disait : « Il y a beaucoup de dégâts à Bekopaka. Jeudi dernier, au fond de la rivière, on a trouvé le corps d’un homme coincé sous un arbre. Il avait dérivé jusque là. »

A Ambinanindrano, le père Séraphin nous rassurait « Ne vous inquiétez pas, tout va bien, nous sommes tous en bonne santé. Il n’y a pas de dégâts après le passage du cyclone Cheneso.  » Mais le 17 février,  il nous disait qu’il devait se préparer car un autre cyclone s’annonçait, particulièrement fort.

C’était le cyclone « intense » Freddy qui, après être passé au Nord de la Réunion le 20 février, se dirigeait vers Madagascar qu’il atteignait dans la nuit du 21 au 22, près de la région de Mananjary, déjà fortement éprouvée l’an dernier avec le cyclone Batsiraï.  Il traversait l’île d’Est en Ouest, et  sa trajectoire passait par la région d’Ambositra et donc menaçait les communautés d’Imito, Imady et Ambinanindrano que l’association Esperanza Joie des Enfants accompagne.

Heureusement, dès le 23 février, les nouvelles de ces centres étaient rassurantes. A Ambinanindrano, le père Séraphin, qui venait de faire le tour du site,  était content car malgré une forte pluie et un vent violent qui avait soufflé toute la nuit, les constructions avaient bien tenu. L’association s’en félicite : « Les actions de préparation au passage des cyclones que les responsables des sites mettent en oeuvre avant chaque menace ont encore une fois fait leurs preuves, mais c’est aussi une grande satisfaction de constater que notre choix de constructions aux normes anti-cycloniques, certes plus chères que les bâtiments traditionnels, sont comme toujours « payants » et résistent. »

Mais partout sur le passage du cyclone, les dégâts ont été considérables du fait de l’habitat précaire. In fine, le bilan est de 7 morts et 78 000 sinistrés, qui s’ajoutent aux victimes du cyclone Cheneso un mois plus tôt. Bekopaka n’était pas sur le passage du cyclone Freddy, d’après Angèle il y a eu peu de dégâts.

les femmes et les filles en tenue traditionnelle Sakalava

Le 24 février, elle nous envoie des photos et des vidéos de « la fête des journées des écoles » qui a eu lieu les 21 et 22 février, en présence des parents, avec des plantations de fleurs par les enfants, des rencontres sportives entre classes et des danses Sakalava, c’est l’ethnie présente ici. Des femmes et des filles étaient venues en tenue traditionnelle : les cheveux nattés en bouquets et des paréos fleuris noués autour de la taille.

Elle nous dit aussi : « La cantine se passe bien (aujourd’hui le menu c’était « sorte de courgettes », viande et riz), les marchands sont de nouveau bien achalandés sur le marché. On n’a pas de vacances scolaires prévues, sauf pour la semaine de Pâques. »

 

Lien Permanent pour cet article : https://www.quebracho.fr/wordpress/?p=3050