Une rentrée des classes encore « à distance » ! (15 mars 2021)

Joelito est venu à la distribution de Noël avec sa mère

En ce début d’année 2021, une 2ème vague de contaminations touche durement le Pérou, avec la présence du variant brésilien plus contagieux, provoquant encore de nombreux morts. Pour les enfants qui ont subi le confinement et les cours virtuels durant toute l’année scolaire 2020, les écoles restent encore fermées pour la rentrée des classes 2021, le 15 mars, et les cours reprennent à distance.

Le ministère de l’éducation a prévu un plan de reprise progressive de cours semi- présentiels, sur la base du volontariat, dans les régions où la situation sanitaire le permettrait et moyennant le respect de protocoles sanitaires. Mais les enseignants de la région La Libertad  font remarquer que très peu d’écoles ont des locaux et des équipements sanitaires permettant une reprise en toute sécurité. Aussi ils demandent que toute l’année scolaire 2021 soit assurée par des cours virtuels (!!).

samedi 27 février, distribution de copieux sacs de vivres aux familles du centre d’El Porvenir

Dans ces conditions, la réouverture de nos centres nutritionnels, fermés depuis un an, n’est pas à l’ordre du jour. La crise alimentaire s’accroit, aussi l’association poursuit-elle son aide aux familles par des distributions mensuelles d’aliments et de produits d’entretien. La 2ème distribution de l’année 2021 a eu lieu samedi 27 février pour les 60 familles des enfants inscrits dans nos deux centres, et la 3ème est déjà en préparation, pour le samedi 27 mars.

Cela représente un gros travail pour nos responsables, mais « nous sommes heureuses de le faire, car c’est une grande aide pour les mères de famille qui en ont besoin pour nourrir leurs enfants. »

Rosario a voulu donner la parole aux mères pour savoir comment elles voyaient cette rentrée pour leurs enfants. Ainsi, Eugenia à El Porvenir et Gloria à Alto Trujillo, ont interrogé celles qui étaient venues à la distribution :

« La moitié des mères interrogées préfèrerait que leurs enfants retournent à l’école, car ainsi, ils comprendraient mieux les cours. En effet, elles ne sont pas en capacité de les aider. De plus, elles n’auraient plus à payer les recharges du téléphone qui représentent un coût supplémentaire, surtout quand il y a 2 ou 3 enfants. Mais elles demandent aux autorités que des protocoles sanitaires protègent bien la santé de leurs enfants.

Les autres mères souhaitent que les cours restent virtuels car elles ont peur que leurs enfants attrapent le virus. En effet, ils sont petits et ne savent pas bien respecter les règles sanitaires, alors ils risquent de tomber malades. Aussi préfèrent-elles attendre que baisse le nombre de contagions et que la vaccination protège les petits. Elles reconnaissent qu’ils n’apprennent pas grand-chose à la maison, mais espèrent qu’après, ils se remettront à niveau peu à peu.

Il y a beaucoup de peur chez les mamans, ajoute Rosario, car elles voient des voisins, des proches mourir chez eux, et elles savent que dans les hôpitaux, il n’y a pas de place et pas de soins adéquats. »

Rosario nous dresse un tableau assez sombre de la situation actuelle de son pays :

« La situation est difficile pour nous tous, et spécialement pour les plus démunis, car dans leur majorité ils n’ont pas de travail. Quand un membre de la famille est malade, celle-ci ne sait où se tourner, car les centres de santé et les hôpitaux n’ont pas de place pour eux et les médicaments pour le soigner sont trop chers.

Notre système éducatif est complètement abandonné, et, alors que les écoles sont fermées depuis mars, c’est seulement maintenant qu’ils commencent à construire ou restaurer quelques écoles !!

Quant au secteur de la santé, c’est pire… manque de médicaments, d’oxygène, de lits, d’infrastructures et surtout de personnel médical, avec la justification qu’il n’y a pas de budget pour des contrats de professionnels… »

le 15 mars 2020 ; c’était le dernier repas avant la fermeture des centres pour cause d’état d’urgence Covid-19

Aux dernières nouvelles (article de La Industria du 15 mars 2021), la province de Trujillo est passée en zone à risque maximal, comme 26 autres provinces, avec renforcement des mesures de couvre-feu et confinement le dimanche.

La vaccination a commencé en février et se déroule au rythme des arrivées de doses du vaccin chinois, et plus récemment de celles envoyées par l’OMS.

Espérons que dans quelques mois la situation permette aux enfants de revenir dans leur cantine pour y retrouver leurs camarades et manger les bons repas préparés par Maria et Eugenia.

 

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