Quelles perspectives pour nos centres nutritionnels ? (octobre 2020)

Nos centres sont fermés depuis 7 mois, et nos distributions régulières de vivres sont une aide pour les familles de nos enfants. Tant que les écoles resteront fermées, on ne pourra pas rouvrir les centres. Or la réouverture des écoles est liée à une maîtrise de l’épidémie. Qu’en est-il à ce jour ?

Rosario fait le point de la situation sanitaire dans son message du 25 septembre :

« La pandémie semble faire moins de morts, mais les journaux disent qu’on attend une nouvelle vague de contagion, car la levée de la quarantaine, et le couvre-feu qui est passé de 20h à 23h le soir, font que les gens recommencent à se rassembler, les marchands ambulants vendent jusque tard le soir, etc.. »

la pandémie de Covid accroit la pauvreté, la déscolarisation et la faim dans le monde, d’après le secrétaire de l’ONU

D’après les autorités, l’amélioration de la situation est réelle mais fragile, et le ministère de la santé craint une nouvelle vague de contamination pour laquelle « le système de santé n’est absolument pas prêt, car bien que le nombre de lits de réanimation ait été multiplié par 10 depuis le début de l’épidémie, cela n’a pas suffit ». « Le vaccin » est attendu comme seul moyen d’endiguer la pandémie. Déjà, un vaccin est en cours de test au Pérou sur un panel de volontaires (phase 3).

Pour sa part, le ministre de l’éducation, Martin Benavides, s’inquiète du nombre élevé d’élèves qui ont quitté l’école virtuelle depuis le début de la pandémie, principalement pour des raisons économiques, car beaucoup d’enfants doivent travailler par nécessité.

Dans son allocution du 27 septembre, le ministre a dévoilé son projet de cours semi-présentiels pour 2021 :

« L’année scolaire 2020 se terminera de toute façon avec des cours virtuels jusqu’en décembre. Ce que je propose, dit-il, c’est que nous puissions, pour la rentrée en mars 2021, être en mesure de permettre aux enfants et aux adolescents de revenir sous une forme autre que la présence physique, qui pourrait être la semi-présence, afin que nous puissions réintégrer les enfants dans des activités scolaires où ils soient avec d’autres élèves. Cela dépend de tout le monde.

Il est important de dire que cette intention sera accompagnée de tous les protocoles nécessaires pour qu’elle fonctionne correctement. En effet, le vaccin ne sera évidemment pas mis en place d’ici mars. Aussi, nous allons préparer un protocole dès maintenant. »

Quand on interroge Rosario sur une reprise éventuelle de cours présentiels, elle est très pessimiste :

lavage des mains en arrivant au centre

« Les cours présentiels sont incertains tant que le virus circule, car les écoles ne sont pas en condition de pouvoir accueillir de nouveau les enfants qui sont habituellement 30, 35 voire 40 par classe dans les écoles publiques, et 20 ou 25 dans les écoles privées.

J’ai pu parler avec Nora, l’ancienne professeure de soutien scolaire du centre d’El Porvenir, elle dit qu’il n’est pas du tout certain que les écoles rouvrent en mars 2021, car il y a une grande peur de la contagion chez les enseignants. Ainsi, dans le District de La Esperanza et El Milagro, deux directeurs d’école sont morts du covid. Jusqu’au mois d’août, il y a eu 22 professeurs décédés et 600 qui ont été malades. »

Si néanmoins un projet de cours « semi-présentiels » arrivait à se mettre en place en mars 2021, moyennant un protocole sanitaire et l’accord des professeurs et des parents, pourrions-nous imaginer une « semi-ouverture » de nos centres pour les enfants qui iraient à l’école à tour de rôle ? Il est encore trop tôt pour répondre, mais Rosario n’y croit guère :

« Pour ouvrir nos centres et accueillir les enfants, il faudrait être certains de compter avec toutes les garanties et les protocoles de sécurité, ce qui n’est pas faisable dans nos centres, car les salles ne sont pas assez grandes pour accueillir tous les enfants dans de bonnes conditions. »

En attendant que l’épidémie soit endiguée et que nos centres puissent enfin rouvrir, les distributions alimentaires se poursuivent.

Jamer vient avec son grand frère recevoir leur sac de vivres

Le 29 août et le 26 septembre, ont eu lieu la 6ème et la 7ème distribution aux 55 familles de nos deux centres.

Eugenia, heureuse après chaque distribution.

Lors de la 7ème distribution, une mère de famille est venue sans masque ! Eugenia lui a quand même donné son sac, mais un rappel à l’ordre sera nécessaire pour la prochaine fois.

Une autre mère, malade, a été remplacée par ses deux fils qui sont venus recevoir leur sac . Ce fut une occasion pour Jamer, 11 ans, de revoir son centre nutritionnel et de saluer Eugenia qui l’a photographié pour nous.

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