Arturo et Gloria nous racontent leur vie confinée (juin 2020)

Arturo, confiné avec ses parents et ses trois sœurs, dans leur maison à Alto Trujillo

« Chers amis de Quebracho, nous écrit Arturo, j’espère que quand vous recevrez cette lettre, vous irez bien malgré cette pandémie.

Avant, j’étais heureux de pouvoir me déplacer seul, sans fauteuil roulant et sans béquille à mon Institut éducatif où j’étudie, où j’ai beaucoup d’amis et d’amies avec qui je parle, je joue dans la cour, mais en ces temps de pandémie, il n’est plus possible de sortir.

Arturo à l’entraînement dans sa maison

Actuellement je reçois mes cours de façon virtuelle, ce qui m’est un peu difficile.  J’envoie mes devoirs aux professeurs par WhatsApp, en prenant des photos des activités qu’ils m’ont données à faire. Chacun d’eux nous donne un délai pour répondre, et chaque jour comporte différentes activités à faire, alors ça s’accumule jusqu’à dimanche. J’essaie autant que possible de tout faire, et d’être à jour le dimanche pour pouvoir réaliser les activités de la semaine suivante. »

Depuis le début de la quarantaine, il y a 3 mois, Arturo ne peut plus sortir pour s’exercer et marcher. Aussi, tous les jours il s’entraîne physiquement (vélo, exercices  de musculation et d’équilibre…).

« Avec toutes les opérations que j’ai eues pour ma santé, je vous suis très reconnaissant, vous qui m’avez aidé sans me connaître. Maintenant, je ressemble à mes amis. Avec mes OTP à l’intérieur des chaussures, je peux porter des chaussures moins lourdes, mon père fait mes baskets, comme il fait aussi des sandales pour mes sœurs, car il est ouvrier dans la confection de chaussures, et  il sait faire ce genre de chaussures.

Gloria nous raconte de son côté qu’elle est bien occupée avec la scolarité virtuelle de ses enfants. Pour qu’ils puissent suivre, elle a dû faire installer Internet chez elle.

Isabella fière de son coloriage

« Chaque matin, j’aide ma petite Isabella, 4 ans, à recevoir son cours de maternelle à la télévision à 9h30, puis à comprendre et à faire les activités demandées par le professeur.

Abigaël (10 ans, en 5ème année de primaire), est assez grande et responsable pour faire ses devoirs toute seule. Mais le soir, je dois enregistrer puis envoyer les résultats du travail des deux filles à leur professeur par Whatsapp avec mon mobile.

Marie Cielo en plein travail

Mes deux aînés, Marie Cielo (17 ans, en dernière année d’études de comptabilité), et Arturo (15 ans, en 4ème année de secondaire), reçoivent des cours de leurs professeurs tout au long de la journée, ce qui leur impose d’avoir chacun leur mobile, et ainsi ça se passe bien..

Mais quand celui de Marie Cielo est tombé en panne, c’est devenu très compliqué ! J’espère trouver une solution à cet inconvénient le plus vite possible, mais à cause de l’épidémie de covid, il n’y a personne qui puisse réparer le mobile, tout est fermé.

Bon, je vous ai fait partager un peu de ma vie, j’espère que de votre côté vous allez bien. Je vous serai toujours reconnaissante de votre aide dans le traitement d’Arturo, merci car vous avez fait de lui un enfant heureux, et vous avez donné un grand réconfort à mon cœur inquiet.  Gloria »

Depuis, Rosario nous a confirmé que les réparateurs et vendeurs de téléphone portable étaient fermés depuis le début de la quarantaine, ils ne sont pas reconnus comme « indispensables », alors que tous les jeunes péruviens ont besoin de portable pour pouvoir suivre leurs cours ! C’est difficile à comprendre.

Gloria et Maria reçoivent leur sac de vivres

La quarantaine a été prolongée jusque fin juin, car l’épidémie ne faiblit pas. Après 3 mois « d’isolation sociale », les contaminations restent très élevées et le système de soin est saturé. Dans le secteur informel, nombreux sont ceux qui bravent la quarantaine et vont travailler par nécessité, risquant ainsi la contamination.

La réouverture des établissements scolaires a été repoussée par le président Vizcarra pour les mêmes raisons. Le 18 mai, il a décidé que les écoles ne rouvriraient pas tant que la pandémie serait là et que l’école virtuelle continuerait jusqu’à ce qu’il y ait un vaccin !

Cela signifie que la  réouverture de nos centres, pourtant si importante pour les enfants, ne pourra pas se faire avant longtemps, mais nous continuerons les distributions de vivres.

Ainsi, le vendredi 29 mai, nous avons organisé une 3ème distribution pour les 56 familles de nos centres, qui les reçoivent avec soulagement et reconnaissance.

Merci à Arturo et Gloria pour leur témoignage courageux et pour leurs sourires !

 

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