Histoire d’Estefany, Brayan et Susan à Alto Trujillo

Susan (un peu cachée), Estefany et Brayan devant leur abri en 2013

Ils ont quitté la sierra en 2012, avec leurs 3 enfants, Estefany, 8 ans,  Bryan, 6 ans, et Susan, 4 ans, dans l’espoir de trouver ailleurs de meilleures conditions de vie. Ils se sont installés dans la zone « d’invasion » d’Alto Trujillo, où ils ont construit un abri fait de piquets de bambou et de bâches.

Dès qu’ils ont appris l’existence du centre nutritionnel, ils ont demandé l’inscription de leurs deux aînés.

Bientôt naissait un 4ème enfant, Nayan.

Peu à peu, Cecilia et Elmer, les époux, ont construit des murs en pierres sèches, grâce à des petites épargnes ou à des prêts financiers, comme c’est l’habitude des habitants de cette zone. Ils ont construit deux pièces qu’ils ont sécurisées avec une porte et des fenêtres de fer, pour éviter les vols.

Susan devant sa maison en 2018

Le lieu de vie de cette famille manque de services d’eau et d’hygiène. L’eau, ils doivent aller la chercher à la citerne. Pour l’hygiène, ils utilisent un silo, c’est un grand trou entouré de murs, avec une porte, pour les besoins privés. Heureusement, ils ont l’éclairage électrique, indispensable pour les études des enfants.

Cecilia, la maman, jusqu’à l’an dernier (2017), travaillait à peler de l’ail et à épépiner du piment. C’est un travail très dur et préjudiciable à la santé, à cause de la forte odeur piquante qui en émane. Actuellement, elle souffre de migraines et de problèmes de vue, et elle ne peut plus travailler. Elle a un traitement pour cela, mais sans résultat.

Le papa, Elmer, travaille comme chauffeur de citernes (camions qui distribuent l’eau aux populations des zones d’invasion et aux réservoirs des parcs et jardins de la ville d’El Porvenir). Sa santé est fragile, il est en traitement pour la prostate. Il a aussi un problème avec l’alcool, il aime beaucoup boire, ce qui aggrave son problème de prostate. Cecilia est inquiète, car l’argent qu’il dépense dans la boisson lui fait défaut pour les dépenses du foyer. Mais quand elle lui fait voir ces problèmes, il est mécontent et la maltraite.

Cette famille a une économie très précaire, qui la limite pour beaucoup de choses indispensables comme des chaises, une table, des vêtements… « Lors de ma dernière visite, nous dit Rosario, ils étaient gênés de ne rien avoir pour me faire asseoir et où je puisse poser mon carnet. Je leur ai dit que cela n’avait pas d’importance. »

Cielo, Shirley et Estefany dansent lors de la visite d’Aline et Michel en 2015

L’aînée des enfants, Estefany, a 14 ans. Elle a été accueillie dans notre centre jusqu’en 2016. Elle est un peu en retard dans ses études car, en tant qu’aînée, elle a l’obligation de s’occuper de ses frères et de sa sœur, de faire à manger, de laver et nettoyer la maison, et tous les travaux que ses parents lui demandent, ce qui fait qu’elle a perdu un an d’études. Mais c’est une fille gentille, très éduquée, et qui continue ses études. Elle est actuellement en 2ème année de secondaire.

Elle aime la danse, et elle va avec d’anciennes amies du centre (Cielo et Shirley), à la paroisse d’Alto Trujillo, où il y a des cours de danse gratuits pour les jeunes.

Brayan a 12 ans, il est en 1ère année de secondaire. C’est un enfant très vif, sûr de lui, très intelligent, avec une facilité pour comprendre et apprendre rapidement, spécialement les mathématiques. Il est aussi turbulent et aime jouer, mais sans négliger les études. Il se voit plus tard footballeur professionnel !

Brayan entouré de Susan et Rosario en 2018. Au mur du centre, les diplômes de Brayan

Durant ses 6 années d’études primaires, il a toujours occupé la première place dans sa classe. Il raconte que ses compagnons et plusieurs de ses professeurs lui ont demandé comment il arrivait à ce résultat, il leur a répondu, « grâce à ma cantine pour la nourriture et grâce à la professeure pour le soutien scolaire ».

Son collège de secondaire est très loin d’Alto Trujillo, il doit se lever très tôt pour prendre un microbus. C’est trop tôt pour qu’il puisse déjeuner au centre (qui ouvre à 6h 15). À la rentrée des classes (mars 2018) il est venu au centre pour dire qu’il ne pouvait plus venir. Mais on lui a proposé de venir au moins prendre son repas de midi après l’école, et il a accepté avec joie.

Susan, en 2015, dans le centre

Susan a 10 ans, elle est en 5ème niveau de primaire (équivalent de CM1). Elle est très sympathique et souriante.

Comme son frère, elle est très intelligente. En 2016 et en 2017, elle a été première de sa classe. Elle assiste au soutien scolaire le samedi après-midi. Elle adore le sport, on la voit souvent jouer au football avec les garçons du centre. Elle rêve d’être danseuse !

Depuis l’âge de 7 ans, le samedi matin, elle aide une voisine à la vente dans sa boutique, pour gagner une petite pièce qui aide sa famille. Chaque enfant contribue ainsi au maigre budget familial, comme c’est le cas dans beaucoup de familles des zones de nos centres.

Susan et Nayan dans leur maison, en 2018

Enfin le petit dernier, Nayan, est âgé de 3 ans, il est encore trop jeune pour aller au jardin d’enfants (la maternelle), et pour être admis dans notre centre, mais ça ne saurait tarder.

Ajoutons que les deux parents, Cecilia et Elmer, ont fait leurs études jusqu’à la fin du secondaire, soit 11 années depuis la primaire ! Et pourtant cela ne leur a pas permis d’exercer un métier tant soit peu intéressant et lucratif. En particulier Cecilia a dû faire un travail sans qualification, très dur et peu payé.

C’est que pour acquérir un métier, il faut encore compter deux ou trois ans d’enseignement, souvent coûteux, après le secondaire.

On peut penser néanmoins que grâce à leur niveau d’études, ils permettent à leurs enfants de vivre dans un milieu familial cultivé et éduqué, favorable à leur développement.

Rosario, qui nous envoie ces histoires de familles de nos centres que nous publions sur le site, s’adresse ici aux lecteurs, et remercie les donateurs :

« J’espère que ces histoires vous feront réfléchir sur la valeur du travail qui est fait pour les enfants dans les centres, leur permettant un meilleur développement, parce qu’ils ont la nourriture, le soutien scolaire et l’éducation, qui sont les principaux piliers d’un épanouissement personnel et intellectuel.
Merci amis à ceux d’entre vous qui rendez possible cette aide pour les enfants des centres
. »

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