Le 21 mars, alors que depuis une semaine la région est durement touchée par les pluies et les inondations, Rosario nous écrit :
« Je me retrouve coupée des enfants, depuis samedi 18, nous ne pouvons plus faire fonctionner les centres, à cause des pluies et du débordement des fleuves qui nous entourent. L’eau boueuse a envahi jusqu’aux parties basses, et toute la ville de Trujillo et ses districts sont inondés !… Les voies d’accès qui nous conduisent aux centres n’existent plus, l’eau a tout rasé ! Tout est boueux, plein de terre et de débris, beaucoup de gens ont perdu leur maison, leurs biens et même la vie…
Nous n’avons plus d’eau depuis 3 jours (depuis vendredi), l’électricité aussi a été coupée, pour éviter des courts circuits. Les écoles sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Je profite que j’ai Internet aujourd’hui pour vous envoyer ce message.
Amis, tout cela rend notre travail difficile, ainsi nous ne pouvons pas accueillir les enfants, je peux seulement communiquer avec Gloria, Nora, et Eugenia via le téléphone mobile, quand on a le signal. Nous n’avons pas de nouvelles des enfants de nos centres, je suis inquiète. J’ai demandé à Gloria de se renseigner sur le sort de ceux qui vivent dans des zones à risque… »
Le 26 mars nous recevons un nouveau message :
« Mes chers amis, quelle terrible situation nous sommes en train de vivre au niveau national ! La furie des éléments est telle qu’il y a de nombreuses destructions, et ce sont encore les plus pauvres qui se retrouvent sans rien. Beaucoup se mobilisent pour apporter des dons, des vivres, des vêtements, des médicaments et surtout de l’eau.
Notre ville de Trujillo (et tout le Pérou du Nord au Sud) est méconnaissable, tout est couvert de boue, d’eau et d’une quantité de détritus. Les moustiques prolifèrent, et déjà il y a des épidémies de dengue, des maladies de la peau (prurits et rougeurs chez les enfants), spécialement dans les quartiers qui ont le plus souffert de ces calamités. Les canalisations détruites ne sont pas encore réparées entraînant des odeurs fétides et le manque d’eau.
La situation est difficile dans nos centres, qui n’ont pas d’eau. Il y a seulement les citernes qui apportent de l’eau avec parcimonie selon les jours.
Heureusement depuis jeudi, l’eau a commencé à arriver par le réseau de distribution à El Porvenir tous les deux jours, et Eugenia a pu remplir le réservoir d’eau et rouvrir le centre vendredi 24 mars. Samedi, il y avait 25 enfants, et lundi, nous aurons sûrement la majorité des enfants (52). Ceux qui sont venus étaient contents de retrouver leur nourriture.
A Alto Trujillo, la situation est plus critique, il n’y a pas encore d’eau et donc, impossible d’ouvrir le centre. Melisa va chercher son eau aux citernes. De plus il n’y a pas de possibilité de téléphoner, on ne capte pas les signaux, si bien que j’ai dû me déplacer avec beaucoup de difficulté jusqu’au centre pour pouvoir me rendre compte de ce qui se passait et parler avec Melisa et Gloria.
Nous espérons que les réparations en cours seront vite faites pour pouvoir accueillir de nouveau les enfants, car ils ont besoin plus que jamais de nourriture. »
Le 30 mars nous apprenons par le journal La Industria :
Une canalisation principale qui approvisionne le centre historique de Trujillo, et 5 communes dont El Porvenir, a été endommagée par la violence des eaux. De ce fait 400 000 habitants de ces zones sont privés d’eau potable, pour une durée estimée entre 8 et 15 jours. La population est plus ou moins bien alimentée en eau par des camions citernes.
Nos centres sont privés d’eau courante, comme toute la zone, et nous attendons des nouvelles de Rosario…