Enquête de santé familiale au Pérou (publiée en 2015)

la_esp_oct_10_0376 F

zone d’invasion près de nos centres, où s’installent ceux qui viennent de la sierra, poussés par la misère

Dans une enquête de l’INEI (équivalent pour le Pérou de l’INSEE en France) publiée en 2015, nous avons glané des informations intéressantes qui montrent que des actions de nutrition et de soutien scolaire des enfants y sont encore bien nécessaires, même si la situation générale s’améliore depuis les dernières enquêtes.

En effet, on y voit que :

  • la pauvreté des parents est un facteur aggravant pour l’anémie d’un enfant (près d’un enfant de moins de 5 ans sur deux !) et pour la dénutrition chronique (plus d’un enfant de 5 ans sur 3),

  • le manque d’éducation de la mère est un facteur encore plus aggravant que sa pauvreté pour la dénutrition de l’enfant (un enfant de 5 ans sur 2 !), le surpoids de la mère, l’absence de contraception, la méconnaissance du VIH, la violence familiale…

 

Quelques chiffres relevés dans les 489 pages du document :

  • Taux de fécondité en 2014 : 2,5 enfants par femme (1,8 en ne comptant que les enfants désirés). Par comparaison, le taux de fécondité en France en 2014 était de 2 enfants par femme (source INSEE).
  • Mortalité infantile en 2014 : 17 enfants (de moins de 1 an) pour 1000 naissances (contre 20 en 2009), mais 24 en zone rurale contre 13 en ville. Par comparaison, en France en 2014, pour 1000 enfants nés vivants, il y a eu 3,5 décès (source INSEE).
  • Femmes usant de contraception : 75% en 2014 (59% en 1992) (il s’agit de toutes méthodes confondues, y compris des méthodes dites « traditionnelles »), mais le taux n’est que de 60% pour les femmes sans éducation.
  • Adolescentes de 15 à 19 ans qui sont mères ou enceintes : en augmentation constante depuis 1992 (c’est le point noir de l’enquête). Elles sont 14,6% en moyenne en 2014 (12,2% dans les villes et 22% dans les campagnes)
  • Enfants de moins de 5 ans anémiés (selon le critère de l’OMS) : 35,6% (45,8% pour les enfants les plus pauvres)
  • Dénutrition chronique des enfants de moins de 5 ans (définie en lien avec la taille, le poids, l’âge, etc, selon des critères internationaux) : 14,6%  (contre 23,8% en 2009), mais il monte à 34% pour les enfants de mères les plus pauvres, et à 45% pour les enfants de mères sans éducation.
  • La dénutrition aigüe (il s’agit d’enfants en danger de mort)  touche 0,6% des enfants de 5 ans (inchangé par rapport à 2009).
  • Surpoids des femmes : 37,3% des femmes en surpoids + 20,9% de femmes obèses =58,2% des femmes risquant des maladies de longue durée (diabète…) L’absence d’éducation aggrave ce chiffre, alors que la pauvreté le réduit légèrement. Par comparaison, en France, en 2012, 32,3% des femmes étaient en surpoids + 15,7% obèses = 48% (enquête épidémiologique ObEPI 2012).
  • VIH, sida : difficulté à connaître le nombre de personnes infectées.
    Méconnaissance du VIH et des moyens de s’en protéger : 29,8% des femmes sans éducation, et 14,2% des plus pauvres.
  • Violence conjugale : 72,4% des femmes interrogées ont eu à subir des violences de leur conjoint ou compagnon (diminution de 5 points par rapport à 2009). Et 11,5% des femmes déclarent avoir exercé des violences envers leur conjoint ou compagnon (augmentation par rapport à 2009)
    Seulement 25% des femmes victimes de violences vont le déclarer à la police.
  • Violence vis à vis des enfants : l’éducation des enfants se fait à 57,2% par des coups et de la violence physique, et 43,5% par des réprimandes et punitions. La mère use davantage de coups que le père.
    32,4% des femmes sans éducation croient que les coups sont nécessaires pour éduquer un enfant.

Bien sûr, ce n’est qu’une toute petite partie des informations intéressantes contenues dans cette Enquête démographique et de santé familiale au Pérou en 2014.

 

 

Lien Permanent pour cet article : https://www.quebracho.fr/wordpress/?p=1132